|
La Pologne et l'Allemagne...
Une fois l'armistice du 11 novembre 1918 signé, les troupes allemandes encore stationnées à l'Est refluent progressivement vers l'Allemagne. Les nationalistes polonais profitent de la situation pour affirmer leurs revendications territoriales d'autant qu'ils savent être soutenus par les Puissances Alliées en particulier sur la question des frontières occidentales du nouveau pays. Dès janvier 1919, lors de l'ouverture de la Conférence Interalliée des préliminaires de paix, les délégués polonais à la tête desquels se trouve Roman Dmowski posent leurs revendications. Début mars, une commission est chargée du tracé des frontières. Finalement, c'est début mai que les conditions de paix, avec toutes les cessions territoriales exigées, sont remises aux Allemands. Malgré leurs récriminations, ces derniers sont obligés de les accepter et de signer le traité de Versailles fin juin 1919.
Le Reich doit ainsi céder à la nouvelle Pologne:
- la Posnanie (sauf quelques villages germanisés situés à l'ouest de ce territoire). Dès novembre 1918, un gouvernement local polonais s'y installe. Fin décembre, à l'instigation de Paderewski, les nationalistes polonais s'y soulèvent: c'est l'"Insurrection de la Grande Pologne", nom que les Polonais donnent à la Posnanie ("Wielkopolska") . Les combats contre les forces allemandes y prendront fin en février 1919.
- la Poméranie vistulienne, ancien Palatinat de Pomérellie (le célèbre "corridor de Dantzig"). Cela provoque la colère de la délégation allemande obligée d'accepter que la Prusse Orientale soit détachée du reste du Reich. En revanche, contrairement aux attentes polonaises, le territoire de Dantzig (article 100) est confié à la Société des Nations et Dantzig elle-même est érigée en ville libre, la Pologne y jouissant cependant de droits spéciaux.
Par ailleurs, le cas de deux autres territoires est suspendu aux résultats des plébiscites qui y seront organisés par des Commissions Interalliées:
- le sud de la Prusse orientale (districts d'Allenstein et Marienwerder). Dans ces deux zones, les plébiscites se déroulent en juillet 1920 et les résultats sont très défavorables à la Pologne (respectivement 2,05% et 7,29% des voix). Plusieurs raisons les expliqueraient: les pressions des autoriés allemandes et des milices constituées sur place, la conjoncture extérieure avec, à cette date, un État polonais en facheuse posture dans la guerre l'opposant à la Russie Soviétique, l'arrivée massive pour le vote (on retrouvera ce phénomène pour la Haute-Silésie) d'"émigrés" allemands originaires de la province.
- la Haute-Silésie, vaste territoire riche en charbon et industrialisé. Avant même que les Puissances Alliées ne se prononcent, dès janvier 1919 les Allemands organisent sa défense en proclamant l'état de siège, en créant une armée de volontaires et en menant une politique de terreur. Le plébiscite controversé de mars 1921 et les trois insurrections polonaises (août 1919, février 1920 et mai 1921) amènent la Commission Interalliée et le Conseil de la Société des Nations à trouver un compromis en partageant la Haute-Silésie entre Allemagne et Pologne (octobre 1921).
|
|
|