La Pologne et l'Ukraine...

Peu après la 1ère Révolution russe, une assemblée (Rada) est élue en Ukraine pour obtenir l'autonomie des territoires qu'elle considère relever de son autorité. Rompant avec la Russie à la mi-juin 1917, elle institue à Kiev un gouvernement où l'on retrouve Simon Petlioura aux Affaires militaires. Lorsque la 2ème Révolution russe amène au pouvoir les Bolcheviks, des troubles éclatent également en Ukraine mais les éléments révolutionnaires sont rapidement maîtrisés sauf à l'Est, dans la région de Kharkov, où est établie une République des Soviets d'Ukraine soutenue par la Russie. Fin novembre 1917, l'assemblée de Kiev, soutenue par l'Allemagne, proclame l'indépendance de l'Ukraine, enlevant ainsi à la Russie Soviétique un vaste territoire aux riches terres agricoles et un accès direct à la mer Noire.

Durant l'automne 1918, l'effondrement des forces militaires autrichiennes et allemandes à l'Ouest accélère l'émergence de revendications nationales: ainsi, à la mi-octobre, les territoires de Galicie Orientale et de Bukovine du Nord se séparent de l'Empire austro-hongrois et proclament à leur tour leur indépendance au sein d'une République Populaire d'Ukraine occidentale alliée à la République Populaire d'Ukraine avec, à court terme (janvier 1919), l'unification des deux États. Mais les Polonais ne peuvent accepter la partition de la Galicie qu'ils revendiquent dans sa totalité et la perte de Lvov (Lemberg) où la population de souche polonaise est majoritaire. Début novembre 1918, en attendant l'appui de troupes venues de Pologne, une force d'auto-défense polonaise se constitue à Lvov et se soulève. Après de violents combats de rue, l'arrivée des renforts polonais force les troupes ukrainiennes à lever le siège et à signer un armistice à la mi-novembre. Si les combats reprennent peu après en Galicie orientale, il faut attendre le printemps 1919 pour voir les forces polonaises renforcées par l'armée Haller arrivée de France mener une offensive victorieuse contre des forces ukrainiennes qui, au même moment, doivent faire face à une offensive de l'armée Rouge (prise de Kiev en février 1919). Les Puissances Alliées somment alors la Pologne de favoriser la cause anti-communiste et un cessez-le-feu est signé en juillet 1919 (Simon Petlioura, le leader nationaliste ukrainien, deviendra même l'allié de la Pologne contre la Russie Soviétique).

Le problème de la Galicie n'est cependant pas entièrement réglé, la question la plus épineuse restant celle de sa partie orientale à forte population ukrainienne: les Alliés proposent à la Pologne un mandat de 25 ans avec un plébiscite à son terme, ce territoire bénéficiant en outre d'une politique d'autonomie. Les Polonais rejettent ces conditions et lui préfèrent la politique du fait accompli que les Alliés finiront par entériner en mars 1923.