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Alliée de la Serbie lors de la deuxième guerre balkanique, la Grèce a profité du traité de Bucarest de 1913 pour s'agrandir et ses visées territoriales (question de la Thrace Orientale, des îles de la Mer Égée ou de l'Asie Mineure) la conduisent inexorablement vers un nouveau conflit avec la Turquie. Les puissances Alliées, confortées par la politique du Chef du gouvernement grec, Venizelos, pensent donc pouvoir ranger ce pays dans leur camp. Mais le roi Constantin Ier est le beau-frère de l'empereur allemand Guillaume II qui le presse à s'engager aux côtés des puissances Centrales. Cela explique la neutralité adoptée lorsque le conflit éclate en août 1914.
L'entrée en guerre de la Bulgarie, en octobre 1915, va changer la donne, ce pays ayant des revendications territoriales identiques à celles de la Grèce. Ainsi, conformément aux accords signés avant guerre, Venizelos veut aider la Serbie mais il se heurte au roi et à l'État-Major grec qui ne veulent pas rompre la neutralité. Passant outre, Venizelos engage un bras de fer en accordant secrètement le droit à la France et à la Grande-Bretagne de débarquer un corps expéditionnaire (la future Armée d'Orient) en Grèce, tout en protestant officiellement "contre le passage de troupes étrangères à travers le territoire hellénique". Mais le roi Constantin n'est pas dupe et renvoie son Premier ministre.
L'échec de l'intervention franco-britannique contre les Bulgares et l'écrasement de la Serbie poussent l'Armée d'Orient à se replier sur Salonique en butte à l'hostilité du roi Constantin qui vient de mobiliser son armée. Cette hypothèque grecque entrave son action, ce que confirment les évènements de 1916. De fait, en mai, les autorités d'Athènes autorisent des troupes bulgares à pénétrer en territoire grec. Le général Sarrail prononce alors l'état de siège dans le camp retranché de Salonique où Venizelos forme un gouvernement républicain provisoire qui, fin novembre, déclare la guerre à l'Allemagne et à la Bulgarie. Début décembre, les Alliés exigent la démobilisation de l'Armée grecque et engagent le blocus du pays. Pour accentuer la pression sur le roi, un détachement de fusiliers-marins français est débarqué à Athènes où il doit répondre aux attaques des forces grecques (décembre 1916).
Finalement, à la mi-juin 1917, la pression des Alliés (et en particulier de la France) devenant de plus en plus forte, le roi Constantin est obligé de quitter le pays, remettant la couronne à son deuxième fils, le prince Alexandre. Venizelos forme alors un nouveau gouvernement qui range officiellement la Grèce aux côtés des puissances de l'Entente.
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