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Lors de la Conférence de la Paix, les discussions sont vives concernant les frontières occidentales de l'Allemagne. Désireuse d'empêcher une nouvelle invasion allemande, la France prend position mais deux tendances s'opposent:
- la tendance "dure", autour du maréchal Foch, qui préconise d'amener la frontière franco-allemande sur le Rhin ce qui implique l'annexion de la rive gauche allemande (Rhénanie, Sarre).
- la tendance "modérée", autour de Clemenceau et Poincaré, qui préconise aussi d'amener la frontière allemande sur le Rhin mais sans annexion, les populations rhénanes formant un ou plusieurs États indépendants sous la protection de la SDN.
Ces propositions sont rejetées par le 1er Ministre britannique, Lloyd George, et le Président des États-Unis, Wilson, qui offrent en échange une occupation par les Anglais, les Américains, les Belges et les Français de la rive gauche du Rhin (Rhénanie), démilitarisée et divisée en trois zones, les charges d'occupation étant supportées par l'Allemagne. Leur évacuation, liée au paiement des réparations, est échelonnée sur 15 ans à compter de janvier 1920. Britanniques et Américains offrent en outre une garantie d'intervention en cas d'aggression allemande. Foch, très méfiant vis à vis du pouvoir civil, proteste vivement tandis que Clemenceau demande des compensations en Sarre. Pour éviter la rupture, la France accepte un compromis:
- le territoire de la Sarre sera séparé de l'Allemagne et administré pendant 15 ans par une Commission de Gouvernement nommée par la SDN. Au terme de ce mandat, une consultation des habitants par plébiscite fixera le statut de ce territoire (maintien du régime international ou rattachement à la France ou retour à l'Allemagne).
- pour compenser les destructions causées par les Allemands dans les mines du Nord et du Pas-de-Calais, la France obtient l'exploitation des mines sarroises.
Ainsi, la Rhénanie allemande va être occupée militairement par la France, la Belgique, la Grande-Bretagne et les États-Unis conformément au traité de Versailles, une Haute Commission Interalliée spécifique à ce territoire étant chargée de l'administrer. Cette occupation avait pour but de faire pression sur l'Allemagne pour qu'elle applique de façon rigoureuse les clauses du traité relatives à son désarmement et au paiement des réparations financières.
La France n'en reste pas moins insatisfaite: elle dû renoncer à sa "frontière stratégique" sur le Rhin et les Anglo-Saxons n'ont pas ratifié leur promesse de garantie. Aussi, dans le courant de l'été 1922, le gouvernement français dirigé par Poincaré refuse les défaillances allemandes en matière de réparations. Pour obtenir des gages, les troupes françaises et belges occupent la Ruhr à partir de janvier 1923. Cela entraîne les protestations du gouvernement allemand, des actions violentes menées par les mouvements d'extrême-droite et l'accentuation de la débâcle financière du pays. La France y répond avec la plus grande fermeté et fait plier le gouvernement allemand qui finit par renoncer à la résistance passive.
Tandis que le plan Dawes réorganise le paiement des réparations et permet le rétablissement financier de l'Allemagne, en France, la victoire de la Gauche aux élections de mai 1924 entraîne un changement de position: l'heure est au rapprochement franco-allemand. La Ruhr est donc logiquement évacuée au cours de l'été 1925 tandis qu'en août 1929 la signature des accords de la Haye entérine non seulement le plan Young, élaboré en mars, mais aussi l'évacuation par les Alliés (dont les forces françaises) de la Rhénanie échelonnée entre septembre 1929 et le 30 juin 1930 au plus tard, soit 5 ans avant le terme fixé à Versailles.
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La médaille:
Un projet de médaille commémorative officielle n'ayant pas abouti, c'est la Fédération des Anciens de la Rhénanie et de la Ruhr, créée en 1924, qui reprend l'idée et crée en 1930 une médaille (1er type) destinée à ses membres (militaires, anciens militaires, membres de la Haute Commission interalliée des territoires rhénans) qui ont servi pendant au moins 3 mois dans l'un des deux territoires occupés après la Première Guerre mondiale.
Cette médaille, en bronze, est délivrée avec un diplôme. G. Laureau a démontré (Bulletin de la SSP n°46, juin 1993 - Additif à l'article sur la médaille de Rhénanie-Ruhr) qu'il existe deux modèles de diplôme: si la conception générale est la même, l'un porte la mention "A SERVI A L'ARMÉE DU RHIN", l'autre "A SERVI EN TERRITOIRES OCCUPÉS".
Pour les collectionneurs, il convient de savoir qu'il existe un 2ème type de médaille fabriqué après 1945 pour les troupes d'occupation françaises en Allemagne et dans le Tyrol autrichien. Il diffère par l'inscription au revers, la mention Fédération des Anciens de la Rhénanie et de la Ruhr (disposée sur 3 lignes) étant remplacée par les noms Rhénanie - Ruhr - Tyrol (disposés sur 2 lignes). Un diplôme différent est également délivré.
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