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Comme la Lettonie, ce pays n'a jamais existé en tant que tel avant 1918...
Un peu d'histoire...
Afin de le christianiser, c'est au début du XIII°siècle que la majeure partie du futur État estonien (sauf le nord contrôlé par le Danemark jusqu'au milieu du XIV°siècle) devient une possession de l'Ordre germanique des Chevaliers Porte-Glaive connu aussi sous le nom d'Ordre de Livonie. Cet Ordre va conserver ses possessions territoriales jusqu'au milieu du XVI°siècle et la guerre de Livonie au cours de laquelle Russes, Polonais et Suédois se les disputent. Annexé par la Suède dans la première moitié du XVII°siècle, le territoire du futur État estonien est finalement conquis par Pierre le Grand dans la première moitié du XVIII°siècle et intégré à l'Empire russe: il y formera, pour sa partie nord, la province d'Estonie (Estlandie), sa partie méridionale faisant partie de la province de Livonie.
Si jusqu'au milieu du XIX°siècle les tsars s'intéressent peu à cette province laissée aux mains de l'aristocratie d'origine allemande (les "barons baltes"), ils entreprennent ensuite une politique de russification à laquelle répond un mouvement national estonien particulièrement présent sur le plan culturel.
Durant la révolution russe de 1905, une assemblée estonienne se réunit à Tartu et réclame l'autonomie du territoire au sein de l'Empire mais l'échec de la révolution sonne momentanément le glas des nationalistes. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, malgré la présence d'une importante minorité d'origine allemande, près de 100 000 soldats estoniens vont combattre dans l'armée russe contre les Puissances Centrales. En dépit des succès des troupes allemandes sur le front oriental, l'Estonie ne sera pas envahie jusqu'au début de l'année 1918...
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Lors de la première révolution russe de mars 1917, le mouvement national estonien profite des circonstances pour obtenir du Gouvernement provisoire l'autonomie tant espérée. Dès l'été 1917, une assemblée élue, la Maapaëv, s'installe à Tallinn et un embryon d'armée nationale est constitué à partir de soldats estoniens de l'armée russe. Lorsque la deuxième révolution russe amène au pouvoir les Bolcheviks, l'assemblée nationale estonienne refuse d'en reconnaître l'autorité et, à la mi-novembre, elle confie le pouvoir exécutif à un Conseil national ou Conseil des Anciens qui doit faire face à une double opposition refusant toute idée d'indépendance:
- celle des Bolcheviks dont les représentants locaux ont formé un Comité militaire révolutionnaire, pouvoir parallèle qui instaure un climat de guerre civile pour imposer ses idées.
- celle de la noblesse germano-balte qui, également en butte à l'hostilité des Bolcheviks, réclame l'aide de l'Allemagne.
Le 24 février 1918, le Conseil national représenté par un Comité de salut public proclame l'indépendance de l'Estonie et forme un gouvernement provisoire mais, le lendemain, le pays est occupé par les troupes allemandes qui obligent les troupes russes à se retirer. Début mars, par le traité de Brest-Litovsk, le gouvernement révolutionnaire russe renonce aux territoires baltes et l'Allemagne envisage de faire de ces derniers un grand duché ("Baltikum") intégré au Reich. L'occupation allemande se traduit également par une tentative de liquidation des révolutionnaires estoniens mais aussi des nationalistes (l'armée estonienne est dissoute en avril), ainsi que par une politique de germanisation.
Si la défaite de l'Allemagne, en novembre 1918, entraîne le retrait des troupes allemandes, le gouvernement provisoire estonien revenu au pouvoir doit à nouveau faire face au danger bolchevique. En effet, à la mi-novembre 1918, la Russie soviétique cherche à réoccuper ses anciennes provinces pour y répandre les idées révolutionnaires. Malgré la mobilisation générale proclamée le 16 novembre par le gouvernement provisoire estonien, les forces nationales commandées par un ancien officier de l'armée impériale russe, le général Laidoner, s'avèrent bien insuffisantes en hommes (environ 5000) et en matériel pour s'opposer à l'Armée Rouge qui, dès le mois de décembre 1918, occupe une partie du pays où elle fait régner la terreur. Le Gouvernement provisoire noue alors des contacts avec les puissances alliées pour obtenir de l'aide. Si la Grande-Bretagne envoie une escadre qui livre armes et munitions et s'empare de deux navires de guerre russes qu'elle offre aux Estoniens, l'aide la plus importante est matérialisée par l'arrivée de volontaires finlandais, suèdois, danois et lettons, sans oublier l'alliance objective avec les forces russes blanches du Nord du général Youdénitch. Les Estoniens et leurs alliés contre-attaquent au cours du mois de janvier 1919 et délivrent rapidement le pays. En mai 1919, ils reprennent l'offensive en territoire russe en menant une attaque combinée avec les troupes de Youdénitch en direction de Petrograd. Pourtant un nouveau danger apparaît au sud du pays, en Lettonie, où la Landeswehr balte (unité composée de soldats lettons d'origine allemande opposés à l'indépendance du pays) et la Division de Fer (corps franc allemand) du général von der Göltz ont pris le contrôle d'une grande partie du pays. Venant au secours de leurs "frères" lettons, les forces estoniennes du général Pödder s'avancent jusqu'à Riga (juin 1919). Sous la pression des Alliés, les forces "allemandes" doivent signer un armistice début juillet et, malgré la poursuite de combats sporadiques contre la Landeswehr balte associée aux Russes blancs du colonel Bermont-Avalov, la Lettonie, appuyée par les forces estoniennes, gagne sa souveraineté.
Épuisée par ces combats (la guerre d'indépendance a coûté à ce petit pays environ 4000 tués et 12 000 blessés), l'Estonie entame des pourparlers de paix avec le Gouvernement révolutionnaire russe qui aboutit à la signature du traité de Tartu, le 2 février 1920. Il régle la question des frontières avec la Russie soviétique, celle-ci reconnaissant la souveraineté estonienne tout en s'engageant sur un pacte de non-agression... Un peu plus tard (juillet 1920) l'Estonie réglera la question de sa frontière méridionale avec la Lettonie.
En février 1921, la Conférence des Ambassadeurs alliés reconnaît officiellement le nouvel État estonien qui intègre la Société des Nations en septembre 1921.
Après un glissement vers un régime autoritaire dans les années 1930, l'Estonie, comme la Lettonie et la Lituanie, sera victime des accords signés entre Hitler et Staline: en juin 1940, l'Armée Rouge envahit le pays qui est annexé par l'URSS en août. Il ne retrouvera son indépendance qu'en 1991 (proclamation d'août et reconnaissance internationale en septembre).
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