Les distinctions créées pendant le III° Reich n'ont pas leur place sur ce site. Toutefois, l'une d'entre elles peut-être considérée comme un ultime avatar de la Première Guerre mondiale et, à ce titre, être présentée dans les pages consacrées aux conséquences de cette guerre...

Un peu d'histoire...

C'est au milieu du XIII° siècle que l'Ordre des chevaliers Porte-Glaive édifie la forteresse de Memel, poste avancé de l'évangélisation de cette partie de l'Europe. Dans les années qui suivent, des colons allemands s'installent sous la protection de la forteresse et fondent une ville. Dans la 1ère moitié du XIV° siècle, Memel passe sous le contrôle des chevaliers Teutoniques qui doivent la défendre contre les incursions régulières des Lituaniens. En 1422, le traité de Melno fixe la frontière entre les possessions des chevaliers Teutoniques et celles du Grand-Duché de Lituanie: elle restera inchangée jusqu'en 1919.

Sa situation en Prusse Orientale va en faire pour longtemps un territoire aux confins du royaume de Prusse d'abord, puis de l'Empire d'Allemagne, en contact direct avec l'Empire russe. Épargné par les combats de la Première Guerre mondiale, c'est à la suite de ce conflit que vont intervenir des changements radicaux...

Lors du recensement de 1910, le territoire de Memel compte environ 150 000 habitants. Parmi eux, une population d'origine allemande, majoritaire mais concentrée dans les zones urbaines; en revanche, les districts ruraux concentrent plutôt une population d'origine lituanienne dont une partie importante a été assez fortement germanisée au cours des siècles. En dépit de ce constat et du principe des nationalités, les puissances alliées réunies à la conférence de Versailles décident d'enlever le territoire de Memel à l'Allemagne vaincue et de confier son administration à la France représentée, à compter de février 1920, par le général Odry, assisté par un haut-commissaire civil, Gabriel Petisné. La sécurité de cette mission va être assurée par le 21ème Bataillon de Chasseurs.

Extraits du Traité de Versailles

Partie II - "Des frontières de l'Allemagne" - Article 28

Partie III - "Clauses politiques européennes" - Section X -Article 99

Très rapidement la mission française se rend compte de la difficulté de la tâche qui lui incombe, confrontée à des intérêts divergents: la population locale, dans sa grande majorité, souhaite devenir un État indépendant mais, pour un certain nombre, avec la perspective plus ou moins lointaine d'un rattachement à l'Allemagne; il faut aussi composer avec les revendications des nouveaux États Polonais et Lituanien...

C'est d'ailleurs pour éviter de voir lui échapper ce territoire que la Lituanie s'en empare en janvier 1923, en soutenant officieusement une insurrection de ses partisans sur place; parce qu'elle intervient au même moment dans la Ruhr et que ses représentants à Memel ne disposent que de forces limitées, la France doit se contenter d'une protestation de principe. La Conférence des Ambassadeurs alliés elle même "officialise" le coup de force en signant un accord avec la Lituanie en janvier 1924 en vertu duquel l'annexion est entérinée, même si le territoire de Memel (désormais Klaipeda en lituanien) conserve une certaine autonomie avec l'élection d'une assemblée locale. Pourtant, malgré ses efforts dans les années qui suivent, la Lituanie n'arrive pas à s'imposer véritablement dans cette région, l'assemblée locale étant largement dominée par le parti pro-allemand.

Après l'arrivée au pouvoir d'Hitler en Allemagne, le parti pro-allemand utilise la politique de "lituanisation" menée par le régime nationaliste lituanien dans la région de Klaipeda pour se rapprocher des Nazis. Durant l'année 1938, la pression de l'Allemagne sur la Lituanie s'intensifie pour aboutir à l'annexion pure et simple du territoire de Klaipeda/Memel en mars 1939.

À la fin de la 2ème Guerre mondiale, une grande partie de la population d'origine allemande du territoire de Memel est évacuée vers l'Allemagne, les forces soviétiques devenant de plus en plus menaçantes. La ville de Memel tombe en janvier 1945 et cette région passe sous le contrôle de l'URSS qui l'attribue à la République Soviétique de Lituanie en 1948.

La médaille:

Elle est créée en mai 1939 pour être attribuée jusqu'en décembre 1939 à tous ceux qui ont participé à l'annexion ("retour") du territoire de Memel.

C'est une médaille de bronze dont l'avers est identique à celui des médailles du 13 mars 1938 (commémoration de l'Anschluss) et du 1er octobre 1938 (commémoration de l'annexion des Sudètes). Son revers est différent car le passé allemand du territoire de Memel inscrit son annexion dans une autre logique que les deux médailles de 1938:

- pour celles de 1938, le revers avec l'inscription circulaire "Ein Volk, Ein Reich, Ein Führer" (et la date de l'annexion) est le reflet de l'idéologie nazie en rapport avec l'idée que se faisait Hitler de la "nation allemande".

- pour celle de Memel, le revers avec l'inscription sur 7 lignes "Zur Erinnerung an die Heimkehr des Memellandes 22 mars 1939" en fait une des dernières conséquences des décisions prises à la suite de la Première Guerre mondiale, ce que l'on retrouve avec certaines médailles hongroises.

Accompagnée d'un diplôme, c'est la plus rare des 3 médailles commémorant les différentes annexions (seulement 31 322 attributions), les effectifs utilisés étant plus limités que lors des coups de force de 1938.