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Les combats dits "de l'Aisne" correspondent à un secteur constitué d'un grand massif calcaire de 150 à 200 m de hauteur qui s'étend de Soissons, à l'ouest, au plateau de Craonne, à l'est, et de la montagne de Laon, au nord, jusqu'à l'Aisne, au sud. Ce massif est lui même divisé en deux plateaux séparés l'un de l'autre par le cours d'une rivière, l'Ailette. C'est sur le plateau le plus au sud, coincé entre l'Ailette et l'Aisne, que se trouve une route appelée le Chemin des Dames.
Dès septembre 1914, après la victoire de la Marne, une première bataille opposa troupes franco-britanniques et Allemands pour le contrôle du secteur du Chemin des Dames. En octobre, les positions se stabilisèrent et le secteur de l'Aisne ne connut pas d'engagements majeurs jusqu'au printemps 1917.
C'est en effet à la fin de l'année 1916, lors de la conférence de Chantilly, que Français et Britanniques envisagèrent pour le début de l'année 1917 de lancer une offensive générale destinée à percer le front. Ce projet, ardemment défendu par le nouveau généralissime de l'armée française, Robert Nivelle, qui avait remplacé Joffre en décembre 1916, fut repoussé au mois d'avril en raison du repli stratégique allemand mené par Hindenburg en mars.
Début avril, les Britanniques passèrent les premiers à l'offensive dans l'Artois (succès de Vimy) mais ne détournèrent pas les Allemands de leur objectif principal: bloquer l'offensive française prévue entre l'Aisne et Reims. Sur l'Aisne, entre Laffaux et le plateau de Craonne, l'attaque fut confiée à la 6ème Armée du général Mangin, au contact de la 5ème Armée du général Mazel. En réserve se tenait la 10ème Armée du général Duchêne. Depuis des mois, les Allemands avaient fortifié ce secteur, creusant des abris et accumulant du matériel et des munitions. La préparation d'artillerie commença le 8 avril et l'assaut fut donné le 16 au matin. Les positions allemandes ayant peu souffert des bombardements, les troupes françaises rencontrèrent une résistance farouche dès les premières vagues d'assaut. Elles réussirent néanmoins à s'emparer de la crête du Chemin des Dames et du village de Laffaux au prix de pertes considérables. Malgré la pluie qui se mit rapidement de la partie et l'épuisement des troupes (elles durent repousser des contre-attaques allemandes incessantes), l'offensive fut poursuivie lors des journées du 17 au 19 avril. Les succès s'avérant limités, le commandement décida de marquer une pause en demandant à la 6ème Armée de consolider les positions conquises.
Les 4 et 5 mai, l'offensive reprit, les Français s'emparant de l'observatoire du moulin de Laffaux, des crêtes qui dominaient la vallée de l'Ailette et du plateau de Craonne. Cependant la rupture du front restait illusoire... De fait, entre mai et octobre 1917, les Allemands lancèrent une série de contre-offensives qui leur permirent de reprendre les crêtes surplombant l'Ailette mais échouèrent sur le plateau de Craonne. La bataille du Chemin des Dames proprement dite était terminée.
Les conséquences de cette bataille furent néanmoins importantes:
- du côté français, les pertes étaient très lourdes avec près de 30 000 morts et 80 000 blessés rien qu'entre le 16 et le 25 avril.
- l'échec du Chemin des Dames provoqua au sein des troupes une grande lassitude mêlée de colère et d'incompréhension qui expliqua en partie les mutineries qui éclatèrent en mai.
- le 15 mai, Nivelle, rendu responsable de l'échec, fut remplacé par Pétain tandis que Foch devenait chef d'État-Major général.
En mai 1918, lors de l'assaut allemand sur l'Aisne dans le cadre des grandes offensives du printemps, le Chemin des Dames fut à nouveau perdu (terribles batailles de l'Ailette et sur l'Aisne) mais ces offensives échouèrent et la contre-offensive des Alliés lancée durant l'été 1918 permit de chasser les Allemands de ce secteur (perte du Chemin des Dames et de l'Ailette le 10 octobre, entrée des Français à Laon le 13 octobre).
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