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Ancienne grande puissance tant redoutée des Européens, l'Empire ottoman connaît un déclin inexorable symbolisé, au XIXème siècle, par la perte de sa suprématie dans les Balkans. Au début du XXème siècle, en imposant sur le trône un "vieillard docile", Mehmet V, la révolution "jeune-turque" tente de régénérer le vieil empire en promettant une politique plus libérale. Cela provoque un effet colatéral lourd de conséquences: l'Autriche se dépêche d'annexer la Bosnie-Herzégovine, accentuant les tensions avec la Serbie et humiliant la Russie qui n'a pas été capable de s'y opposer.
La politique menée par le nouveau pouvoir turc, profondément nationaliste, fait vite déchanter les minorités de l'Empire à qui est imposé un programme de "turquisation". Cela provoque des troubles en Macédoine qui amènent les nouveaux pays balkaniques à se rapprocher les uns des autres dans une alliance anti-turque. Confirmant ses faiblesses aperçues lors de la guerre contre l'Italie, en 1911-1912, la 1ère guerre balkanique (octobre 1912-mai 1913) s'achève par la défaite de la Turquie et la cession de nouveaux territoires en Europe (Macédoine, Thrace occidentale, îles de la mer Égée, Crète, proclamation de l'indépendance de l'Albanie). Dans les autres parties de l'Empire, la situation est également tendue, marquée par la révolte des populations arabes du Hedjaz (Arabie Saoudite) ou la perte de la Tripolitaine (Libye) au profit de l'Italie en 1912.
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L'Empire Ottoman en guerre
Malgré le traité secret conclu avec l'Allemagne dont l'influence en Turquie était très importante, le gouvernement turc, en proie à des dissensions sur la politique à mener, resta officiellement neutre en août 1914. Pourtant, diverses mesures (accueil des croiseurs allemands Goeben et Breslau poursuivis par la flotte anglaise de Méditerranée, fermeture des détroits, ...) annoncaient une inclinaison en faveur des puissances Centrales. Les deux croiseurs allemands furent d'ailleurs "officiellement" vendus à la Turquie et respectivement rebaptisés le Yavuz Sultan Selim et le Midilli , tout en restant sous les ordres de l'amiral allemand Wilhelm Souchon qui, fin octobre 1914, fit bombarder les ports russes d'Odessa, Sébastopol et Novorossik, en mer Noire. Début novembre, la Russie, puis la France et l'Angleterre, déclarèrent la guerre à la Turquie qui, de son côté, appella tous les Musulmans à la "Guerre Sainte" contre les forces de l'Entente.
Les forces turques (qui compteront jusqu'à 1 200 000 hommes et l'appoint de près de 6000 cadres allemands), étaient placées sous l'autorité d'Enver Pacha (vice-généralissime) et combattirent sur trois fronts:
- front Européen:
- opération des Dardanelles (1915)
- campagne de Roumanie (1916)
- offensive alliée en Thrace (septembre-octobre 1918) assurée par l'armée d'Orient scindée en deux: le gros des forces, confié au général Franchet d'Esperey, avait pour charge de menacer l'Autriche par le sud; le reste, sous les ordres du général anglais Milne, avait pour objectif la Turquie d'Europe et Constantinople. L'armistice de Moudros vint arrêter les forces alliées aux frontières de la Turquie.
- front du Caucase contre les Russes. Aucun camp n'arrivant, entre novembre 1914 et le printemps 1915, à forcer la décision, le front se stabilisa.
- front du Moyen-Orient :
- attaques turques en Égypte contre le canal de Suez défendu par les Anglais (février 1915, juillet 1916)
- campagne de Mésopotamie (offensive britannique de novembre-décembre 1915 suivie du siège de Kut el Amara qui vit la capitulation du général Townshend en avril 1916, offensive britannique victorieuse en 1917)
- campagne de Palestine (offensive britannique du général Allenby d'octobre-décembre 1917 aboutissant à la prise de Jérusalem)
- grande offensive alliée de septembre 1918 durant laquelle les Turcs perdirent la Palestine et la Syrie.
Face aux menaces pesant sur son territoire, le gouvernement turc s'empressa de cesser les combats en signant l'armistice de Moudros le 30 octobre 1918. Constantinople fut alors occupée par les Alliés, le général Franchet d'Esperey y établissant le quartier général de l'Armée d'Orient jusqu'au printemps 1920.
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