Déclinaison de l'Ordre de Saint-Georges (prestigieux ordre militaire pour officiers fondé en 1769 par l'impératrice Catherine II), il s'agit de décorations récompensant la bravoure au combat des sous-officiers et soldats. Si leur création remonte à 1807, il y eut plusieurs réformes, la dernière, en 1913, fixant les nouveaux statuts de l'ordre militaire mais aussi des croix et médailles utilisées pendant la Première Guerre mondiale.

Croix de Chevalier de l'Ordre de Saint-Georges en bronze doré (Première Guerre mondiale). (photo Hermann Historica)

Croix de Saint-Georges:

C'est en 1913 qu'elle prend officiellement ce nom. Le centre de l'avers montre Saint-Georges terrassant le dragon tandis que celui du revers porte le monogramme de Catherine II, fondatrice de l'Ordre.

Elle conserve la déclinaison en quatre classes mise en place lors de la réforme de 1856:

- 1ère classe: croix d'or et ruban avec noeud

- 2ème classe: croix d'or et ruban simple

- 3ème classe: croix d'argent et ruban avec noeud

- 4ème classe: croix d'argent et ruban simple

Si les croix conservent, au revers, le principe de l'indication de classe (branche inférieure de la croix) et du numéro d'attribution (sur les branches horizontales de la croix), la numérotation repart du n°1 pour chaque classe. Les croix de Saint-Georges de 4ème classe vont être très largement décernées durant la Première Guerre mondiale (près d'1,3 million de croix).

- lorsque les numéros d'attribution sont inférieurs à 6 chiffres, la branche horizontale gauche porte la mention N°... (pour la Première Guerre mondiale ce n'est possible que pour les croix à partir de la 3ème classe. En effet, selon Durov, pour la 4ème classe, la numérotation des croix décernées durant ce conflit doit être supérieure au n° 205 306),

- lorsque les numéros d'attribution vont dépasser le million, on va estamper sur la branche supérieure la marque 1/M, les branches horizontales continuant de recevoir six chiffres.

La pénurie de métaux précieux entraîne aussi une altération des croix:

- en juin 1915, la teneur en or est diminuée pour les croix de 1ère et 2ème classe (la teneur en argent reste inchangée pour celles de 3ème et 4ème classe).

- en octobre 1916: l'or et l'argent sont remplacés par du métal jaune et du métal blanc. Ces croix reçoivent alors sur les branches horizontales du revers une marque spéciale:

Selon Durov, ces croix en métal n'auraient commencé à être distribuées qu'à partir de février 1917.

- En août 1917 est créée une agrafe spéciale (palme) pour le ruban mais la date tardive et le très petit nombre d'exemplaires réellement fabriqués en font une pièce très rare.

Outre les modèles de fabrication russe, des contingents de cette croix ayant été accordés aux troupes alliées, des fabricants privés en France, en Tchécoslovaquie, ... et même en Allemagne ont produit des modèles qui, pour certains, représentent des variantes très particulières.

Croix de Saint-Georges de 1ère classe de fabrication probablement russe (ruban), peut-être un modèle de l'époque du Gouvernement Provisoire. Elle est en métal jaune et ruban avec noeud mais non numérotée.

Croix de Saint-Georges de 3ème classe (argent et ruban avec noeud), avers et revers. Elle aurait été attribuée à un sous-officier français de l'aéronautique militaire.

Détail du revers; on remarque la mention N° devant un numéro à moins de 6 chiffres.

Croix de Saint-Georges de 4ème classe, en argent, de fabrication russe. Indication de classe sur la branche inférieure et numéro d'attribution (352 759) sur les branches horizontales.

Détail du revers.

Croix de Saint-Georges de 4ème classe, en métal blanc, de fabrication russe.

Détail du revers; on remarque le numéro d'attribution supérieur au million (1 255 011) et l'indication du métal utilisé.

Détail du revers; on remarque l'oubli d'une lettre dans le mot classe (l'orthographe exacte est dans le petit cadre).

Croix de Saint-Georges de 4ème classe, en bronze argenté. Fabrication étrangère non numérotée et avec une faute d'orthographe dans l'indication de classe.

Croix de Saint-Georges de 4ème classe en métal blanc, de fabrication inconnue. Elle est non numérotée, ne possède pas d'indication de classe et son ruban est bizarrement monté à l'envers (Saint-Georges caché).

Croix de Saint-Georges de 4ème classe, en argent, de fabrication française. Cette croix est construite sur la base d'une croix de guerre sans épées et deux centres originaux.

Croix de Saint-Georges de 4ème classe, en argent, également de fabrication française. Contrairement à la précédente, le mot classe est présent mais sans indication de niveau.

Médaille de Saint-Georges:

C'est en 1913 qu'elle prend officiellement ce nom en remplacement de la médaille pour la Bravoure de 1878. Elle est décernée à tout sous-officier, soldat ou marin qui s'est distingué au combat ou dans son service en temps de paix. Elle peut aussi être attribuée à des civils comme médaille de mérite.

Elle se décline également en quatre classes:

- 1ère classe: médaille d'or et ruban avec noeud

- 2ème classe: médaille d'or et ruban simple

- 3ème classe: médaille d'argent et ruban avec noeud

- 4ème classe: médaille d'argent et ruban simple

Contrairement à la croix du même nom, seul le ruban fait référence à l'Ordre de Saint-Georges puisque l'avers présente l'effigie du souverain Nicolas II (et non l'image du Saint) et le revers porte l'inscription "Pour la Bravoure" (sans référence à la fondatrice de l'Ordre). On trouve également sur le revers l'indication de classe et le numéro d'attribution (la numérotation , pour chaque classe, repartant du n°1 en 1913).

La pénurie de métaux précieux entraîne aussi une altération des médailles avec le remplacement de l'or et de l'argent par le métal jaune et le métal blanc (avec les mêmes marques que pour les croix).

En avril 1917, le tsar ayant abdiqué, il est décidé de remplacer son effigie, à l'avers, par l'image de Saint-Georges terrassant le dragon.

Cette médaille fut également décernée à des soldats alliés ce qui explique l'existence de fabrications non-russes.

Double attribution d'une croix de 4ème classe et d'une médaille de 4ème classe, avers et revers. (photo eBay)

Détail de la médaille de 4ème classe.

Médaille de Saint-Georges de 1ère classe, en argent, de fabrication française non numérotée. La médaille devrait être en or et le ruban, plus large que le modèle russe, est monté à la française sans noeud.

Etui en carton gris bleu pour la médaille de Saint Georges de 4ème classe (n° d'attribution: 166 715, probablement pour l'année 1915).

Grâce à l'amabilité de M. D. Arnold des Archives Départementales du Cher que je remercie vivement, vous trouverez ci-dessous une très intéressante série de documents concernant l'attribution en 1915 de la médaille de Saint-Georges de 4° classe à un soldat brancardier au 95° régiment d'infanterie, également cité à l'ordre de l'armée (Croix de Guerre avec palme). Cette attribution fait partie d'un contingent de décorations russes (Ordres de Saint-Wladimir de 4° classe, de Sainte-Anne de 3° classe, de Saint-Stanislas de 3° classe, croix de Saint-Georges de 2° et 4° classe, médailles de Saint-Georges de 1°, 2°, 3° et 4° classe) parues au Journal Officiel du 13 avril 1915 (pages 2166 à 2176). L'attribution au soldat Guingamp se trouve page 2174 :

L'avis d'attribution délivré par les autorités militaires françaises (collection AD du Cher)

Le diplôme russe et sa traduction (voir ci-dessous) curieusement délivré plus d'un an après la médaille... (collection AD du Cher)

Médaille de Saint-Georges de 4ère classe, en argent, de fabrication russe. Comme celle du soldat brancardier Guincamp dont les diplômes sont présentés au-dessus, cette médaille fait partie du contingent de médailles accordées en 1915 par le tsar Nicolas II à des soldats français. Le J.O. du 13 avril 1915 qui en donne la liste nous apprend que la médaille n° 164758 (détail du revers au centre) a été attribuée au cavalier de 1ère classe L. Maisonnave du 15° régiment de dragons.